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Les jeunes Québécois prêts à acheter, mais toujours freinés par de lourds obstacles

Une récente étude menée par Léger pour le compte de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), de la Société d’habitation du Québec (SHQ) et du Fonds immobilier de solidarité FTQ met en lumière les intentions et les défis rencontrés par les Québécois en matière d’achat, de vente et de location résidentielle.

Basée sur plus de 4 180 répondants interrogés à la fin de l’année dernière, l’enquête révèle un fait marquant : les 18 à 34 ans sont nombreux à vouloir passer à l’achat. Près de 45 % d’entre eux envisagent d’acquérir une propriété d’ici les cinq prochaines années. Ce taux est presque deux fois plus élevé que chez les 35 à 54 ans, et cinq fois supérieur à celui des 55 ans et plus. Fait à noter, plus de la moitié de ces jeunes acheteurs potentiels seraient des primo-accédants.

Des ambitions freinées par la réalité économique

Malgré cet enthousiasme, les obstacles sont nombreux. Les jeunes citent principalement :

  • leur situation financière précaire (32 %),
  • le contexte économique incertain (29 %),
  • le prix élevé des propriétés (25 %),
  • et le manque d’économies pour la mise de fonds (24 %).

Face à ces freins, plusieurs aspirants propriétaires souhaitent des ajustements au système. Ainsi, 62 % des locataires qui désirent acheter estiment qu’une hausse du plafond de retrait du Régime d’accession à la propriété (RAP) serait bénéfique. Un pourcentage similaire appuie l’idée de permettre l’amortissement sur 30 ans pour les prêts hypothécaires assurés. Bien que le gouvernement fédéral ait annoncé en avril une extension à 30 ans pour ce type de prêt, cette mesure reste limitée aux premiers acheteurs de maisons neuves.

L’épargne-logement gagne en popularité

L’engouement pour le Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) s’accentue : 58 % des primo-accédants affirment vouloir l’utiliser, contre 46 % l’année précédente. Ce dispositif semble s’imposer comme un levier essentiel pour surmonter les défis liés à la mise de fonds.

Une baisse des taux qui redonne de l’élan, mais pas à tous

La baisse récente des taux hypothécaires semble porter ses fruits : 75 % des répondants disent que cela a influencé positivement leur décision d’acheter. Toutefois, cette opportunité reste inaccessible pour plusieurs en raison de leur profil financier ou de l’instabilité du marché.

« Pour la première fois depuis 2020, l’écart entre le prix espéré et le prix réel d’achat s’est réduit, ce qui montre une meilleure compréhension des réalités du marché – toujours à l’avantage des vendeurs – et un certain renoncement », explique Charles Brant, directeur de l’analyse de marché à l’APCIQ.

Il ajoute : « Le ralentissement de l’inflation et la baisse des taux d’intérêt ont certainement contribué à ce changement. Si d’autres baisses surviennent, cela pourrait inciter davantage de vendeurs à se manifester, surtout en sachant qu’un tiers des prêts hypothécaires devront être renouvelés dans les deux prochaines années. »

Des attentes en hausse pour le prix d’achat

Les acheteurs s’attendent désormais à payer en moyenne 457 000 $ pour une propriété, soit une augmentation de 4 % par rapport à 2023. Près des deux tiers privilégient l’achat d’une propriété existante, principalement en raison de son emplacement et de son prix plus accessible.

Des intentions de vente stables, mais aux motivations variées

Les intentions de vendre demeurent stables : 14 % des propriétaires envisagent de vendre au cours des cinq prochaines années. Chez les vendeurs plus âgés, la motivation est souvent liée à un désir de réduction d’espace ou à la préparation de la retraite. En revanche, les plus jeunes souhaitent davantage de superficie ou un logement plus moderne.

Location et environnement : des choix qui évoluent

L’environnement devient un critère de plus en plus important dans les décisions résidentielles. De nombreux Québécois affirment accorder de l’importance à l’efficacité énergétique ou aux matériaux durables, mais peu se sentent équipés pour bien évaluer ces éléments.

« Il y a encore des efforts à faire pour mieux accompagner les acheteurs vers des choix éclairés », souligne Martin Raymond, président-directeur général du Fonds immobilier de solidarité FTQ.

Location : une étape transitoire pour les jeunes, un choix de stabilité pour les aînés

Chez les locataires, on observe une différence générationnelle marquée. Les plus jeunes voient la location comme une étape temporaire : près de 8 sur 10 prévoient déménager dans les cinq prochaines années et près de la moitié espèrent acheter.

À l’inverse, les locataires plus âgés sont nombreux à vouloir rester en place, valorisant la stabilité et la simplicité. Le prix demeure le principal critère dans le choix d’un logement, mais plusieurs accepteraient de payer davantage pour des commodités comme un stationnement intérieur, un logement plus grand ou une meilleure insonorisation.