L’impact d’une proposition concordataire sur une demande de prêt hypothécaire au Québec

Introduction

Au Québec, de nombreux consommateurs se retrouvent à envisager une proposition concordataire pour alléger leur dette et reprendre le contrôle de leur situation financière. Mais une fois cette procédure enclenchée – ou terminée – une grande question survient : est-il possible d’obtenir un prêt hypothécaire après une proposition concordataire?

La réponse n’est pas simple, car cette procédure influence directement le dossier de crédit, la solvabilité, l’admissibilité hypothécaire et même le taux hypothécaire auquel un emprunteur pourrait avoir accès. Chaque type de prêteur – traditionnel, prêteur B ou privé – évalue différemment le risque associé à un client ayant vécu une situation d’insolvabilité.

Cet article détaillé explore en profondeur l’impact réel d’une proposition concordataire sur une demande de prêt hypothécaire au Québec, les pièges à éviter, les solutions adaptées, les stratégies pour rebâtir la confiance des prêteurs, et les conseils pratiques d’un courtier hypothécaire.

Qu’est-ce qu’une proposition concordataire?

Une alternative structurée à la faillite

La proposition concordataire, prévue par la Loi sur la faillite et l’insolvabilité (LFI), est une alternative à la faillite personnelle. Elle vise à permettre au débiteur de rembourser une partie de ses dettes selon un arrangement négocié, en évitant la liquidation complète de ses actifs.

Fonctionnement général

Le débiteur, accompagné d’un syndic autorisé en insolvabilité, propose un plan de remboursement à ses créanciers. Ceux-ci votent pour accepter ou refuser la proposition. Si elle est acceptée par la majorité prévue par la loi, elle s’applique à tous les créanciers visés.

Durée typique

Une proposition concordataire dure en moyenne de 48 à 60 mois, selon les modalités convenues. Pendant cette période, le débiteur effectue des paiements réguliers au syndic, qui les distribue ensuite aux créanciers.

Objectif principal

L’objectif principal est de permettre au consommateur de réduire ses paiements, de réorganiser ses finances et d’éviter les conséquences plus sévères d’une faillite tout en protégeant, dans certains cas, certains actifs importants.

Entente légale approuvée par le tribunal

Une fois votée par les créanciers, la proposition est soumise au tribunal et, si elle est homologuée, elle devient une entente légale contraignante pour toutes les parties. Le débiteur doit alors respecter les engagements prévus.

Arrêt des procédures légales

Dès le dépôt de la proposition, la plupart des procédures de recouvrement sont suspendues : saisies de salaire, appels de recouvrement, actions légales. C’est un répit important pour le débiteur.

Impact immédiat sur le crédit

Par contre, l’effet immédiat sur le crédit est important : l’inscription d’une proposition concordataire au dossier de crédit indique aux institutions financières que le consommateur a eu recours à une procédure d’insolvabilité.

Motif fréquent de recours

Les emprunteurs choisissent cette option lorsque leur niveau d’endettement est devenu insoutenable, qu’ils ne parviennent plus à respecter leurs engagements et qu’une restructuration est nécessaire pour éviter la faillite.

Différence avec la consolidation de dettes

Une consolidation de dettes est un nouveau prêt bancaire regroupant plusieurs dettes en un seul paiement. La proposition concordataire, elle, est un processus juridique et non un nouveau crédit. Elle implique une réduction ou un réaménagement légal des dettes.

Rôle du syndic autorisé en insolvabilité

Le syndic joue un rôle central : il analyse la situation, conseille le débiteur, prépare la proposition, communique avec les créanciers et administre les paiements. Il agit comme intermédiaire neutre dans le processus.

Comment cette procédure affecte le dossier de crédit?

Code R7 : l’impact immédiat sur le rapport de crédit

Une proposition concordataire entraîne l’inscription d’un code R7 au rapport de crédit. Ce code indique qu’une entente de remboursement a été conclue avec les créanciers, ce qui signale un niveau de risque plus élevé aux yeux des institutions financières.

Durée de l’inscription au dossier

Ce code R7 demeure généralement inscrit sur le dossier de crédit pendant plusieurs années après la fin de la proposition, selon les politiques d’Equifax et de TransUnion. Cela signifie qu’un emprunteur peut être affecté à long terme, même une fois ses obligations respectées.

Crédit fortement réduit

Le score de crédit chute de manière importante après le dépôt d’une proposition. Cette baisse reflète la perception du marché que la capacité de remboursement a été mise à mal.

Score de crédit révisé à la baisse

Selon la situation initiale, une proposition peut entraîner une diminution de 80 à 150 points (ou plus) sur la cote de crédit. Plus le score initial était élevé, plus la chute peut être marquée.

Difficulté accrue d’obtenir du financement traditionnel

Avec un code R7 actif, la plupart des banques et prêteurs traditionnels (prêteurs A) refuseront automatiquement une demande de prêt hypothécaire, même si la situation financière s’est améliorée.

Restrictions sur les produits de crédit

Obtenir une nouvelle carte de crédit, une marge de crédit ou un prêt personnel devient difficile. Les produits disponibles se limitent souvent à des cartes de crédit sécurisées ou à des conditions plus strictes.

Reconstruction progressive

Malgré cet impact, il est possible de rebâtir son crédit après une proposition concordataire en adoptant des comportements financiers responsables : paiements à temps, faible utilisation du crédit, absence de nouveaux défauts de paiement.

Le rôle des agences de crédit

Les agences de crédit enregistrent l’information fournie par les prêteurs et par le syndic. Elles appliquent leurs propres règles de conservation des données. Une fois le délai écoulé, l’inscription est retirée, ce qui permet d’alléger le dossier.

Représentation du risque par le prêteur

Pour un prêteur, un R7 est un signal d’alerte. Il indique qu’il y a eu incapacité à respecter les engagements passés. Cela influence fortement la décision d’octroyer ou non un nouveau crédit, notamment un prêt hypothécaire.

L’impact réel sur une demande de prêt hypothécaire

Une analyse du risque plus rigoureuse

Lorsqu’un emprunteur ayant une proposition concordataire dépose une demande de prêt hypothécaire, les prêteurs procèdent à une analyse de risque plus approfondie. Ils évaluent non seulement la cote de crédit, mais aussi la stabilité d’emploi, les ratios d’endettement et la valeur de la propriété.

Rejet automatique par les prêteurs A

Les prêteurs traditionnels exigent un dossier de crédit relativement propre. Un R7 récent conduit presque systématiquement à un refus, peu importe la qualité de l’emploi ou la mise de fonds.

Accès possible auprès des prêteurs B

Les prêteurs B (ou prêteurs alternatifs) sont souvent la première option viable après une proposition. Ils acceptent les dossiers comportant des imperfections, moyennant des conditions plus strictes et un coût plus élevé.

Solutions via prêteurs privés

Les prêteurs privés se concentrent davantage sur la valeur de la propriété que sur le profil de crédit. Ils peuvent financer des emprunteurs toujours en reconstruction, même si le crédit est faible ou si la proposition est récente.

Taux hypothécaire plus élevé

Plus le dossier est risqué, plus le taux hypothécaire proposé sera élevé. Les prêteurs B et privés compensent le risque perçu par des taux plus importants que les banques traditionnelles.

Mise de fonds accrue

Un dossier marqué par une proposition concordataire nécessitera souvent une mise de fonds minimale de 20 %, parfois davantage, surtout auprès de prêteurs privés ou non assurés.

Stabilité d’emploi exigée

Les prêteurs veulent voir au moins 12 à 24 mois de stabilité dans le même domaine, voire chez le même employeur. Plus la stabilité est grande, plus le risque perçu diminue.

Importance du ratio d’endettement (ATD / ABD)

Les ratios d’endettement (ABD – amortissement brut de la dette, ATD – amortissement total de la dette) doivent être exemplaires. Un consommateur sortant d’une proposition doit présenter des ratios plus conservateurs que la moyenne pour rassurer les prêteurs.

Revenu stable et vérifiable

Les revenus doivent être clairement documentés : talons de paie, T4, avis de cotisation, états financiers pour les travailleurs autonomes. Les prêteurs ont peu de tolérance pour les revenus non déclarés ou difficilement vérifiables.

Possibilité d’approbation malgré tout

Avec une bonne stratégie, une mise de fonds suffisante et le recours au bon type de prêteur, il est tout à fait possible d’obtenir une approbation hypothécaire même après une proposition concordataire.

Différences de traitement entre prêteurs traditionnels, B et privés

Point de comparaison essentiel

Comprendre les différences entre prêteurs A, prêteurs B et prêteurs privés est crucial pour bâtir une stratégie de financement réaliste après une proposition concordataire.

Prêteurs traditionnels (A)

Les prêteurs A (banques, grandes institutions financières) visent les clients au profil de risque faible. Ils exigent un excellent dossier de crédit, des ratios d’endettement raisonnables et une situation financière stable.

Critères classiques des banques

En général, les banques recherchent un score de crédit d’environ 680 ou plus, une bonne capacité d’épargne, un historique de paiement sans défaut récent et un emploi stable.

Rejet systématique en cas de R7 récent

En présence d’un R7 actif ou très récent, la grande majorité des banques refuseront la demande, même avec une forte mise de fonds. Le dossier ne correspond tout simplement pas à leur politique de risque.

Prêteurs B

Les prêteurs B ciblent les clients qui ne répondent plus aux critères des banques, mais qui démontrent une capacité réelle de paiement et une volonté de se remettre sur pied financièrement.

Conditions habituelles des prêteurs B

Les conditions incluent généralement :

  • Une mise de fonds de 20 à 35 % ;
  • Des taux d’intérêt plus élevés que ceux des banques ;
  • Des frais de dossier ou de courtage plus importants ;
  • Des termes plus courts, servant souvent de phase de transition.

Prêteurs privés

Les prêteurs privés se concentrent sur la valeur de la propriété et le ratio prêt-valeur (LTV), plus que sur le crédit. Leur objectif est de sécuriser le prêt sur un actif immobilier solide.

Analyse centrée sur l’actif

Si la propriété est bien évaluée, située dans un bon secteur et que la mise de fonds est significative, le prêteur privé peut être prêt à assumer un dossier comportant une proposition concordataire récente.

Solutions de transition

Un prêt privé peut servir de solution de transition pendant 1 à 3 ans, le temps que l’emprunteur rebâtisse son crédit, améliore ses ratios et redevienne admissible auprès de prêteurs B, voire A.

Scénarios fréquents

Les scénarios typiques incluent des acheteurs sortant de proposition depuis moins de 24 mois, avec une bonne mise de fonds, mais un crédit encore fragile.

Comment améliorer ses chances d’être approuvé après une proposition concordataire?

Reconstituer un historique de crédit positif

L’emprunteur doit démontrer, au fil du temps, un comportement exemplaire : paiements toujours à temps, utilisation raisonnable des cartes de crédit, absence de nouveaux retards.

Maintenir des ratios d’endettement impeccables

Idéalement, l’ABD devrait rester sous 30 % et l’ATD sous 40 %. Des ratios serrés rassurent les prêteurs sur la capacité de remboursement à long terme.

Stabiliser sa situation professionnelle

Les prêteurs apprécient la stabilité : deux années dans le même emploi ou le même secteur sont un signal positif. Les travailleurs autonomes doivent présenter des revenus récurrents et bien documentés.

Accumuler une mise de fonds élevée

Plus la mise de fonds est importante, plus le risque du prêteur diminue. Une mise de fonds de 20 % ou plus peut faire la différence dans un dossier marqué par une proposition concordataire.

Constituer un coussin financier

Un fonds d’urgence couvrant plusieurs mois de dépenses (3 à 6 mois) montre au prêteur que l’emprunteur est mieux préparé à faire face aux imprévus.

Rassembler tous les documents pertinents

Pour une demande de prêt hypothécaire, il faut préparer : avis de cotisation, relevés de paie, relevés bancaires, preuve de fin de proposition, lettre de libération, etc.

Travailler avec un courtier hypothécaire spécialisé en dossiers R7

Un courtier hypothécaire qui connaît bien les dossiers d’insolvabilité et le marché québécois saura identifier les prêteurs les plus ouverts et structurer un montage réaliste pour l’emprunteur.

Faire corriger les erreurs dans le rapport de crédit

Avant de déposer une demande, il est important de vérifier son dossier chez Equifax et TransUnion. Des erreurs ou inscriptions périmées peuvent nuire injustement au score de crédit.

Utiliser des produits de transition

Une hypothèque privée ou un produit alternatif temporaire peut servir à démontrer un bon comportement de paiement, en vue d’un refinancement futur dans de meilleures conditions.

Négocier avec des prêteurs flexibles

Certains prêteurs B proposent des programmes spéciaux pour emprunteurs en reconstruction. Un courtier expérimenté saura les identifier et négocier les meilleures conditions possibles.

Conseils d’un courtier hypothécaire

Chaque situation est unique

Aucun dossier n’est identique. L’analyse doit tenir compte du contexte ayant mené à la proposition, de la situation actuelle et des objectifs à moyen terme.

La clé : stabilité et discipline financière

Les prêteurs veulent voir un changement durable dans les habitudes financières. La discipline, la planification et la prudence deviennent des atouts clés.

Préparer une lettre d’explications solide (LOE)

Une lettre d’explications bien rédigée aide le prêteur à comprendre ce qui s’est passé, ce qui a changé et pourquoi la situation actuelle est plus stable.

Connaître les prêteurs réellement ouverts aux dossiers R7

Un courtier connaît les prêteurs qui ont des politiques plus flexibles pour les clients ayant déjà traversé une procédure d’insolvabilité.

Anticiper les coûts supplémentaires

Les prêts B et privés impliquent souvent des frais de dossier, frais de courtage, frais d’évaluation et parfois des pénalités de sortie. Il faut les intégrer dans la stratégie globale.

Favoriser une approche progressive

Une stratégie fréquente consiste à commencer avec un prêteur privé, passer ensuite à un prêteur B, puis retourner chez un prêteur A une fois que le crédit est rétabli.

Optimiser le dossier avant la soumission

Avant de soumettre le dossier à un prêteur, le courtier vérifie les ratios, les documents, le score de crédit et la cohérence globale pour minimiser les risques de refus.

Éviter de faire plusieurs demandes en même temps

Soumettre de multiples demandes simultanées à plusieurs institutions peut faire baisser le score de crédit et envoyer un mauvais signal au marché.

Erreurs à éviter

Faire une demande trop tôt après la fin de la proposition

Se précipiter peut conduire à des refus répétés. Il est souvent préférable d’attendre un certain temps, de rebâtir son crédit et de se présenter avec un dossier plus solide.

Omettre des informations au courtier

Cacher des informations ou minimiser certains éléments (dettes, retards, procédures) finit généralement par se retourner contre l’emprunteur. La transparence est essentielle.

Soumettre des documents incomplets

Un dossier incomplet rallonge les délais et augmente le risque de refus. Tous les documents exigés doivent être fournis, à jour et cohérents.

Multiplier les demandes auprès de plusieurs institutions

Chaque nouvelle demande de crédit peut laisser une trace sur le dossier de crédit. Trop de demandes rapprochées peuvent être perçues comme un signe de détresse financière.

Sous-estimer l’importance de la mise de fonds

Sans une mise de fonds suffisante, beaucoup de prêteurs refuseront d’assumer le risque, surtout en présence d’une proposition concordataire récente.

Ignorer les prêts privés

Même s’ils sont plus coûteux, les prêts privés peuvent jouer un rôle stratégique. Ils permettent souvent d’acquérir une propriété pendant la phase de reconstruction financière.

Ne pas rebâtir son crédit activement

Attendre simplement que le temps passe ne suffit pas. Il faut utiliser le crédit avec discipline, payer à temps et démontrer une amélioration réelle.

FAQ – Proposition concordataire et prêt hypothécaire

Peut-on obtenir un prêt hypothécaire pendant une proposition concordataire?

Oui, mais c’est généralement possible uniquement auprès de prêteurs privés, avec une mise de fonds significative et des taux plus élevés.

Peut-on obtenir un prêt hypothécaire après avoir terminé la proposition?

Oui. Beaucoup d’emprunteurs obtiennent un financement auprès de prêteurs B dans un premier temps, puis refinancent plus tard avec des prêteurs A, une fois leur crédit rétabli.

Combien de temps faut-il attendre pour retourner en banque traditionnelle?

En règle générale, il faut compter environ 2 à 3 ans après la fin de la proposition, combinés à une bonne reconstruction du crédit, pour avoir une chance raisonnable d’être accepté par une banque.

Un R7 peut-il être retiré plus tôt?

Non, sauf en cas d’erreur. Les agences de crédit appliquent leurs règles de conservation des données. Une fois le délai écoulé, l’inscription disparaît automatiquement.

Les taux sont-ils plus élevés?

Oui. Tant que les prêteurs perçoivent un risque accru, les taux sont plus élevés que ceux offerts aux clients sans historique d’insolvabilité.

Conclusion – Votre avenir hypothécaire est encore possible

Une proposition concordataire n’est pas la fin de vos projets immobiliers. Elle représente une étape de reconstruction financière. Avec la bonne stratégie – stabilité d’emploi, mise de fonds adéquate, rebâtissement de crédit, gestion intelligente des dettes – il reste tout à fait possible de réintégrer le marché hypothécaire.

L’accompagnement d’un courtier hypothécaire expérimenté au Québec constitue un atout majeur pour identifier les prêteurs adaptés, structurer un dossier solide et maximiser vos chances d’obtenir un prêt hypothécaire malgré un historique plus complexe.

Si vous avez traversé une proposition concordataire et que vous envisagez l’achat d’une propriété, un premier échange avec un courtier peut vous donner un plan de match clair, réaliste et aligné avec vos objectifs.

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